lundi 5 mars 2012

Bain de Vian !

"Je lui ai demandé si elle aimait Jean-Pol Partre, elle m'a dit qu'elle faisait collection de ses oeuvres... Alors je lui ai dit "Moi aussi..." et chaque fois que je lui disais quelque chose, elle répondait "Moi aussi...", et vice-versa... Alors, à la fin, juste pour faire une expérience existentialiste, je lui ai dit : - "Je vous aime beaucoup" et elle a dit "Oh !"..................Il était si heureux que ça lui faisait énormément de peine........Colin, debout au coin de la place, attendait Chloé. La place était ronde et il y avait une église, des pigeons, un square, des bancs, et, devant, des autos et des autobus, sur du macadam. Le soleil aussi attendait Chloé, mais lui pouvait s’amuser à faire des ombres, à faire germer des graines de haricot sauvage dans les interstices adéquats, à pousser des volets et rendre honteux un réverbère allumé pour raison d’inconscience de la part d’un Cépédéiste................Devant l'église, on s'arrêta, et la boîte noire resta là pendant qu'ils entraient pour la cérémonie. Le Religieux, l'air renfrogné, leur tournait le dos et commençait à s'agiter sans conviction. Colin restait debout devant l'autel.
Il leva les yeux : devant lui, accroché à la paroi, il y avait Jésus sur sa croix. Il avait l'air de s'ennuyer et Colin lui demanda :
- Pourquoi est-ce que Chloé est morte?
- Je n'ai aucune responsabilité là-dedans, dit Jésus. Si nous parlions d'autre chose...
- Qui est-ce que cela regarde? demanda Colin.
Ils s'entretenaient à voix très basse et les autres n'entendaient pas leur conversation.
- Ce n'est pas nous, en tout cas, dit Jésus.
- Je vous avais invité à mon mariage, dit Colin.
- C'était réussi, dit Jésus, je me suis bien amusé. Pourquoi n'avez-vous pas donné plus d'argent, cette fois-ci?
- Je n'en ai plus, dit Colin, et puis, ce n'est plus mon mariage, cette fois-ci.
- Oui, dit Jésus.
Il paraissait gêné.
- C'est très différent, dit Colin. Cette fois, Chloé est morte... Je n'aime pas l'idée de cette boîte noire.
- Mmmmmmm... dit Jésus.
Il regardait ailleurs et semblait s'ennuyer. Le Religieux tournait une crécelle en hurlant des vers latins.
- Pourquoi l'avez-vous fait mourir? demanda Colin.
- Oh!... dit Jésus; N'insistez pas.
Il chercha une position plus commode sur ses clous.
- Elle était si douce, dit Colin. Jamais elle n'a fait le mal, ni en pensée, ni en action.
- Ca n'a aucun rapport avec la religion, marmonna Jésus en bâillant.
Il secoua un peu la tête pour changer l'inclination de sa couronne d'épines.
- Je ne vois pas ce que nous avons fait, dit Colin. Nous ne méritions pas cela.
Il baissa les yeux. Jésus ne répondit pas. Colin releva la tête. La poitrine de Jésus se soulevait doucement et régulièrement. Ses traits respiraient le calme. Ses yeux s'étaient fermés et Colin entendit sortir de ses narines un léger ronronnement de satisfaction, comme un chat repu.
A ce moment, le Religieux sautait d'un pied sur l'autre et soufflait dans un tube, et la cérémonie était finie.
Le Religieux quitta le premier l'église et retourna dans la sacristoche mettre de gros souliers à clous.
Colin, Isis et Nicolas sortirent et attendirent derrière le camion.
Alors, la Chuiche et le Bedon apparurent, richement vêtus de couleurs claires. Ils se mirent à huer Colin et dansèrent comme des sauvages autour du camion. Colin se boucha les oreilles mais il ne pouvait rien dire, il avait signé pour l'enterrement des pauvres, et il ne bougea même pas en recavant les poignées de cailloux.
( l'écume des jours )

battre en retraite ?

Ha bon ! bravo ! ça va arranger Sirko là !  to beat a retreat or to crawfish ? and chips alors ! voyons !! reprenons-nous ! allons-y pour " caresser en retraite " , c'est beaucoup mieux ! Sissi !
qu'en dit Victor Hugo ?

"L'expiation.

Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l'empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre.
Il neigeait. Les blessés s'abritaient dans le ventre
Des chevaux morts ; au seuil des bivouacs désolés
On voyait des clairons à leur poste gelés,
Restés debout, en selle et muets, blancs de givre,
Collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre.
Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,
Pleuvaient ; les grenadiers, surpris d'être tremblants,
Marchaient pensifs, la glace à leur moustache grise.
Il neigeait, il neigeait toujours ! La froide bise
Sifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus,
On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus."
                                    ( Ousmane Sow )

Nirvana ! ( Onfray )